Osaka
Clément VEUILLOT
和魂洋才 (wakon yôsai ; « Esprit japonais, Technique occidentale »). Si l’on devait résumer ce que fut le Japon entre son ouverture forcée au monde occidental en 1868 et son entrée dans la Seconde Guerre mondiale, ce serait ce slogan d’époque. Et c’est effectivement par l’apprentissage de techniques et d’une conception occidentale de l’Etat que le Japon est devenu la puissance agressive et moderne qui tint tête à la Russie, entra dans le cercle des puissants du monde et mit le Pacifique à feu et à sang lors de la Guerre du Pacifique.
Une telle progression s’explique par plusieurs facteurs, l’un des plus importants étant l’emphase mise par l’Etat sur le développement d’une industrie efficace et productive, en particulier l’industrie lourde qui servit les velléités militaristes et conquérantes de l’empire.
L’objet de cette étude est l’observation, sur cette période, de la présence étrangère au Japon, en particulier dans la ville d’Osaka. Nous tenterons de montrer l’implication occidentale dans le développement industriel de la ville, particulièrement l’industrie lourde. Modeste dans un premier temps, cette implication s’affirme entre la fin du XIXe et le début du XXe siècle, et se renforce au rythme de la modernisation d’Osaka, pour atteindre son point le plus haut entre la fin des années 1920 et le début des années 1930. Si l’on peut parler d’implantation dans cette dernière période, il conviendrait plutôt en effet de parler d’implication, pour accentuer la tendance que nous tâcherons de démontrer : un intérêt notable des Occidentaux pour l’industrialisation japonaise, qui se manifeste par la fourniture de matières premières, l’import de machinerie, la manufacture d’outillage et de matériel, et l’import-export général dans une moindre mesure[1].
Nous avons à notre disposition les données des Chronicles & Directories. Il s’agit d’une publication annuelle de Hong Kong Daily Press, sous la forme d’almanach, qui décrit la présence occidentale en Asie (Chine, Japon, Corée, Philippines, Viêtnam et autres). Pour chaque année, elle y est exposée par ville, par le détail des activités occupées par cette population. Missionnaires, commerçant, diplomates, y sont ainsi nommés, et l’on peut suivre l’évolution de cette activité de volume en volume. Des rubriques additionnelles sont également proposées, notamment les détails des Traités imposés par les puissances occidentales, leurs révisions, des chronologies annuelles générales, ainsi que des détails pratiques tels que des données de change, de mesure, ou de services postaux. Chaque ville est également présentée plus ou moins brièvement par une description, agrémentée de quelques données chiffrées qui permettent non seulement d’évaluer la progression concrète de la ville, mais aussi la manière dont elle est perçue.
Cette étude est réalisée en tenant compte des difficultés liées à la nature de la source. D’une part, les descriptions ne donnent qu’une contextualisation limitée, et les données sont donc parfois sujettes à interprétation. Ensuite, le format des Chronicles tend à changer avec le temps, notamment en ce qui concerne le comptage de la population ou le détail plus ou moins précis des entrées de compagnies.
Une fin de XIXe siècle stagnante
Les années 1870 sont marquées par une volonté du Japon de se rendre indépendant des puissances occidentales, tant au niveau économique que militaire, afin de ne pas subir le sort des colonies asiatiques placées sous domination autoritaire. En apprenant de l’Occident, le Japon se modernise rapidement, créant une infrastructure économique qui fera son succès. Une nouvelle monnaie, le Yen, un système de communication national moderne, des travaux de transports de chemin de fer, tels sont les outils qui posent les bases du futur essor nippon, mais les débuts sont laborieux, du fait en partie des difficultés économiques de l’Etat, comme l’indique Reischauer[2]. Néanmoins, les industries légères d’abord, le textile en premier lieu, et lourdes par la suite, se développent dans l’archipel.
Les textes de description de la ville d’Osaka nous la présentent dans les premières entrées étudiées (à partir de 1885) comme la deuxième ville du Japon en termes de superficie et d’activité commerciale. Il n’est en revanche fait nulle mention d’un port, simplement d’une situation sur le bord de la rivière Ajikawa, qui se jette dans la baie. Les textes évoquent également une grande concentration industrielle dans les domaines du textile, de la métallurgie et des chantiers navals, ainsi que la Monnaie Impériale (日本帝国大阪造幣局 nihon teikoku Ôsaka Zôheikyoku)[3]. Un peu plus tard, elle est présentée en termes généraux comme une ville « avenante et progressive, qui possède de nombreux attraits pour le visiteur étranger » mais d’une nature résolument japonaise (1886 et après).
Ces descriptions nous donnent aussi des indications concernant la population d’Osaka, et la part étrangère de cette dernière. On peut en suivre la hausse d’année en année, passant de 300 660 habitants en 1885 à 811 855 en 1898. De cette hausse générale, on distingue celle, timide, de la population étrangère sur les deux décennies, puisque 228 personnes sont recensées en 1885, contre 461 en 1894. Si l’on peut suivre l’évolution du nombre d’habitants par année sur l’ensemble du corpus, les données sont brouillées en ce qui concerne la population étrangère, puisque les habitants chinois ne sont plus pris en compte à partir de l’année 1897, où l’on peut voir qu’elle représentait une partie significative de cette population (461 habitants comptés en 1894, 103 hors chinois comptés en 1895). Cette donnée est importante ; elle indique que pour le reste de notre étude, en l’absence d’indications au cas par cas quand les noms ne sont pas clairement mentionnés, l’on partira du principe que l’activité chinoise n’est pas prise ne compte, ce qui est confirmé par la nature occidentale des noms.
La description de la ville ne change guère dans les entrées entre 1885 et 1901. De fait, la présence occidentale active au niveau commercial semble se faire rare. Les descriptions pointent la ligne de chemin de fer reliant Osaka à Kobe, achevée en 1874[4]. Celle-ci aurait été dommageable pour le dynamisme du commerce occidental à Osaka, les professionnels préférant s’installer directement à Kobe, bien plus active. Si l’on compare les deux villes en termes de présence occidentale sur les cartes produites en traduisant ces données, il est manifeste que Kobe domine Osaka[5]. Cela se confirme par l’examen des entrées par année, qui indiquent une baisse drastique des commerces jusque dans les années 1890, où le nombre demeure stable mais bas. Seule l’horlogerie Favre-Brandt demeure. La présence missionnaire constitue quant à elle la majorité de la population étrangère.
Cependant, les Occidentaux ne désertent pas totalement Osaka. D’une part, on note la présence d’Occidentaux à des postes élevés d’institutions japonaises, telles que l’arsenal, le conseil municipal (en tant que chairmen), et la brigade incendie, jusqu’au milieu des années 1890. D’autre part, les étrangers s’impliquent progressivement dans l’industrie locale. Des individus sont recensés dans des entreprises d’industrie lourde (métallurgie, mines et électricité) en tant qu’agents et actionnaires. De plus, des compagnies industrielles étrangères apparaissent, telles que l’entreprise en textile Dobson & Barlow de Manchester (1887), Hunter & Co. Pour la métallurgie et la construction navale (1889). Des noms étrangers apparaissent également dans la Compagnie de commerce maritime d’Osaka (Osaka Shosen Kaisha), bien que le personnel soit majoritairement japonais. La présence étrangère à la fin du XIXe siècle dans la « Venise de l’Extrême Orient » est donc stagnante dans le commerce et l’industrie. La ville n’est pas encore un front de la modernisation de premier plan comme Yokohama, mais les entrées des chroniques montrent un intérêt de l’Occident envers le développement industriel d’Osaka.
Les années 1900 et 1910 : l’industrialisation en marche
Cette période est particulièrement marquée par la militarisation japonaise et voit le pays s’engager dans deux guerres ; le conflit russo-japonais en 1903-4 et la Première Guerre mondiale. Comme le montre Reischauer, la décennie précédente a déjà vu s’exprimer les velléités colonisatrices du Japon et une emphase particulière est placée sur l’industrie lourde, afin de concevoir une armée forte[6]. L’implication à peu de frais de l’empire dans le conflit mondial lui permet en outre de s’emparer de nombreux marchés asiatiques, générant d’immenses profits. Le militarisme stimule le développement industriel et l’import-export à marche forcée, et la guerre s’avère donc profitable. Cette tendance se retrouve dans les données étudiées.
Les textes de descriptions indiquent que dès le début du XXe siècle commence à Osaka la construction d’un véritable port, plus adapté à la navigation des bateaux à vapeur, dans l’optique de rattraper le retard commercial de la ville (1903). Les entrées suivantes indiquent néanmoins que les résultats escomptés ne sont pas atteints, ce qui retarde la construction. À la liste des embuches sur la route du progrès, l’incendie de 1909 emporte un tiers de la ville et occasionne des dégâts estimés à 25 millions de Yen. Mais si les premières années semblent difficiles pour la ville, celle-ci profite tout de même de l’essor économique national, notamment dans son commerce et ses importations et exportations. Les chiffres indiqués dans les descriptions de la ville (voir tableau ci-dessous) montrent une progression tout à fait impressionnante, bien que largement gonflés par les effets de la guerre. Ces chiffres ne permettent cependant pas de mesurer la part du commerce étranger.
Année | Importation | Exportation |
1891 | 4 084 705 ¥ | 981 100 ¥ |
1893 | 6 505 000 ¥ | 1 212 892 ¥ |
1899 | 6 390 913 ¥ | 5 939 290 ¥ |
1900 | 9 741 436 ¥ | 9 626 600 ¥ |
1907 | 34 005 261 ¥ | 58 752 200 ¥ |
1914 | 41 406 000 ¥ | 73 342 708 ¥ |
1918 | 137 540 000 ¥ | 405 825 000 ¥ |
Les années 1900 montrent une augmentation sensible mais notable du nombre de personnes étrangères impliquées dans l’industrie locale. Des entreprises comme Hodgkinson & Co. ou Horne F.W. servent d’intermédiaires d’agents de compagnies étrangères, ou fournissent une expertise en ingénierie. Certaines sont aussi catégorisées comme importatrices de machinerie, comme Schramm & Co. ou les moteurs électriques Siemens Brothers. La proportion occidentale des industries est certes limitées, mais ramenée à la proportion des entrées concernant ce domaine pour chaque année, elle représente une part non négligeable.En parallèle, de multiples entreprises industrielles japonaise sont mentionnées, en ce qui concerne la métallurgie (Osaka Iron Works) ou les chantiers navals (Osaka Harbour Works). On peut également noter la présence du conglomérat Sumitomo, qui représente notamment une banque, et s’implique dans l’industrie sans que cela soit détaillé. En 1912, la filature de coton est présentée comme l’industrie la plus prospère de la ville, puisque sur 12 176 métiers à tisser industriels dans le pays, 5 888 se situent à Osaka. Cette dernière affirme donc son statut industriel sur le plan national.
La décennie 1910 accentue le mouvement. En certains endroits des registres, les noms occidentaux disparaissent ou cèdent la place à des noms japonais, notamment dans le cas des missionnaires considérablement réduits, ou des institutions publiques et légales tenues presque uniquement par du personnel japonais. À l’inverse, les noms de compagnies industrielles étrangères se multiplient : Standard Oil Co. et Vacuum Oil Co. pour le pétrole, Booke & Co. en ingénierie générale, Bohler Brothers pour l’outillage d’acier, etc. Ces compagnies s’occupent pour la quasi-totalité de fourniture de matières premières, matériel ou expertise. Il est d’ailleurs indiqué que Balfour & Co. entretient un partenariat avec le gouvernement local pour des « travaux en métallurgie »
En ce qui concerne le port, dont la construction s’est achevée au début de la décennie, les textes notent qu’il n’est pas autonome en 1912, puisque la majorité des biens importés ou exportés le sont par Kobe, via la voie ferrée. De plus, bien que le port ait été construit et pensé dans le but d’attirer le commerce étranger, l’entrée de 1912 explique qu’il « manque les commodités nécessaires pour que se réalisent les anticipations formées par le gouvernement local ». On peut comprendre que cela représente un frein pour les compagnies occidentales qui préfèreraient Kobe à Osaka. Les commerces de services destinés aux expatriés occidentaux sont encore absents ou presque, ce qui laisse penser que cette population ne compte alors pas suffisamment d’individus pour que de tels commerces émergent en nombre.
La tendance générale des années 1900 et 1910, jusqu’au début des années 1920, est donc celle d’une prolifération modeste mais notable d’une présence étrangère tournée vers l’industrie. Outre d’immuables entreprises de ventes de produits spécifiques, il semble que la population étrangère mentionnée dans les sources s’oriente vers l’expertise industrielle et la fourniture de matières premières plutôt que le commerce manufacturé. Cette constatation est cohérente avec ce que l’on sait historiquement de la contribution occidentale au succès économique japonais de cette période ; les Japonais absorbent les techniques occidentales mais cherchent rapidement à se détacher des Occidentaux. Ainsi, la technique occidentale est associée à une main d’œuvre très bon marché et en grand nombre. La population totale d’Osaka augmente d’ailleurs assez considérablement sur les deux décennies, passant d’environ 812 000 individus à la toute fin du XIXe siècle, à 1 576 000 individus en 1919. Elle a donc pratiquement doublé, alors que la présence étrangère (hors chinois) stagne autour de 120 individus, selon les chiffres avancés dans les Chronicles. Les Occidentaux soutiennent la progression japonaise, mais ne s’implantent pas encore de manière significative.
Les années 1920-1930 : le parachèvement de l’occidentalisation
La décennie 1920 est celle d’un véritable boom pour Osaka. En 1920, on compte 4 641 usines, dont 12 emploient plus de 1000 ouvriers. Dans les chroniques de 1924, le port est présenté comme enfin opérationnel, prêt à accueillir des bateaux de taille conséquente : cinq vaisseaux de 5 à 6000 tonnes peuvent être placés en mouillage, sans compter la cinquantaine de places de quai pour des bateaux de taille plus modeste. De plus, en 1925, l’inclusion dans les limites de la ville de localités voisines font d’Osaka la plus grande ville du Japon, comptant désormais quelque 3 millions d’habitants, et la première sur le plan industriel et commercial. Les premières descriptions d’Osaka la prénommaient « la Venise d’Extrême Orient » en raison de ses canaux. Elle est désormais qualifiée de « Manchester d’Extrême Orient », une ville industrielle et portuaire.
En termes de présence occidentale, ce que nous avons décrit plus haut semble s’appliquer et se renforcer, à savoir la multiplication significative d’une présence résolument tournée vers la fourniture de matière premières, l’import de machines ou d’outillages destinés à l’industrie, mais également dans les services d’import-export généraux. On note aussi la présence d’un bien plus grand nombre de compagnies étrangère, sans pour autant que leur fonds de commerce soit spécifié. Les missionnaires ont quant à eux pour ainsi dire disparu des chroniques et l’absence de services destinés aux étrangers est notable.
Parmi les noms récurrents et vraisemblablement bien installés, on peut citer Allen & Co., qui fournit de l’acier britannique, Herbert et Horne & Co. pour de l’outillage, Nippon Electric pour la manufacture et l’import de machinerie électrique, la Standard Oil of New York pour le pétrole. Citons également Carr & Co. pour l’import-export, et la China & Japan trading Co., dont le personnel occidental fournit une liaison commerciale entre la Chine et le Japon, probablement destinée à la population étrangère installée dans les autres colonies asiatiques. Mais le plus significatif est la mention nouvelle dans les chroniques des années 1920 de la présence de poids lourds de l’industrie lourde occidentale, tels que British Thomson, General Electrics ou General Motors. Les données des chroniques ne permettent pas de déterminer la valeur des marchés de ces entreprises industrielles, mais leur multiplication permet d’affirmer que l’industrie japonaise se porte désormais tout à fait bien et représente un marché conséquent, auquel les Occidentaux participent.
La présence de General Motors, fournisseur en machinerie automobile, permet en outre de déduire que le marché japonais s’ouvre, en tout cas en ville, à la motorisation. Ce détail ne montre pas seulement que l’industrialisation du pays a nettement progressé, mais que la situation économique d’une certaine partie de la population lui permet d’accéder à ce type de bien, témoignant d’un nouveau rapport à la modernité.
D’autre part, les entreprises japonaises se multiplient de la même manière : les conglomérats tels que Sumitomo ou Mitsubishi sont implantés durablement et l’on voit proliférer d’année en année les banques, les compagnies d’assurance, ainsi que le même type d’entreprises industrielles dont nous avons parlé. En 1930 est ainsi faite la description d’une Osaka nouvelle, une ville moderne dotée de larges rues pavées, un centre des affaires aux bâtiments de type gratte-ciel reconnaissables, et d’une rapide augmentation du trafic motorisé.
La dernière décennie étudiée a la particularité de proposer un nombre sans commune mesure de données avec celui des décennies précédentes. Un examen de la carte produite à partir des entrées de chroniques le montre[7]. Une description détaillée reviendrait à répéter une nouvelle fois la progression que nous venons de décrire. Entre 1930 et 1937, au moment de la Guerre du Pacifique, le Japon accentue d’autant plus l’emphase sur son industrie, et si les données nous permettent davantage de mesurer la proportion des compagnies plutôt que le détail de leur activité, on peut toutefois s’apercevoir que l’activité s’affine. C’est-à-dire que les entreprises non seulement se multiplient, mais se spécialisent. En plus des assurances de type industriel, on trouve des compagnies d’assurance vie pour les travailleurs (Sun Life Insurances, Manufacturers Life Insurances…). Certaines compagnies importent ou produisent des biens plus spécifiques, comme de l’huile de graissage, des bouteilles, des tapis, autant de détails qui apparaissent comme triviaux, mais témoignent d’une installation plus affirmée et d’un accès aux services et commodités plus grand. Les loisirs font aussi leur apparition, ce qui n’était pas le cas dans les précédentes entrées, à l’exception de l’alcool (brasseries) et du tabac. On lit donc les noms de Paramount ou Warner Bros.
L’apogée de la présence étrangère semble bien être l’année 1930, bien que le nombre brut d’entrée dans les Chronicles, par la suite décroissant, ne nous permette pas de conclure avec certitude que les étrangers aient quitté Osaka. Cependant, la perspective de l’approche de la Guerre en 1937 laisse à penser ce fut le cas. La moitié des années 1920 et le début des années 1930 semble marquer la période où la tendance générale de présence étrangère que nous avons décrite dans cette étude est la plus affirmée. Les entreprises à caractère industriel – l’industrie lourde en particulier paraît nettement plus prospère, ce qui est confirmé par Reischauer[8] – y sont nombreuses et installées durablement. On reconnaît des noms tels que Bohler, Horne ou Favre, présentes sur plusieurs décennies.
Au regard des données que nous avons traitées et exposées dans cette étude, on peut attester que l’activité occidentale à Osaka a suivi le chemin de l’industrialisation. Négligeable au XIXe siècle, période où l’industrialisation lourde d’Osaka est limitée, elle emboite le pas du progrès au début du siècle suivant et progresse nettement dans les années 1910 et 1920, avant d’atteindre son apogée vers 1930. L’implication occidentale dans l’industrie lourde suit le schéma que nous avons répété plusieurs fois : fourniture de matière première, de machinerie technique et d’outillage, et importation, ainsi qu’une activité générale d’import-export que nous considérons comme étroitement liée à ces activités. En outre, cette activité s’est affinée au fil du temps, proposant des marchandises et des services de plus en plus spécialisés, que l’on devine adaptés à une demande locale de plus en plus exigeante à mesure que l’industrie lourde japonaise gagne en puissance. Gardant à l’esprit les mots d’« Esprit japonais, Technique occidentale », il semble en effet que cette technique occidentale fournie à une Osaka timide au début de la période étudiée, a contribué à faire de la ville un haut lieu de la modernisation japonaise.
Sources additionnelles
- Edwin O. Reischauer, Histoire du Japon et des Japonais ; Des origines à 1945, Seuil, 1997 [1970], p. 251.
- « History : Japan Mint », https://www.mint.go.jp/eng/profile-eng/eng_guide_history.html., consulté le 30/04/2018
- Lewis R. Freeman, « How the railroad is modernising Asia », Advertiser (Adelaide, SA : 1889 – 1931), p. 8p.
Notes
[1] Étant donné le manque de données concernant la nature des produits importés ou exportés, sauf dans les dernières chroniques, on considèrera que l’approvisionnement en matériel et matières premières passe par des entreprises d’import-export généralistes, et donc que ces dernières contribuent à l’industrialisation de manière active.
[2] Edwin O. Reischauer, Histoire du Japon et des Japonais ; Des origines à 1945, Seuil, 1997 [1970], p. 154.
[3] « History : Japan Mint », https://www.mint.go.jp/eng/profile-eng/eng_guide_history.html., consulté le 30/04/2018
[4] Lewis R. Freeman, « How the railroad is modernising Asia », Advertiser (Adelaide, SA : 1889 – 1931), p. 8p.
[5] C.f. Aix Data Maps pour les années 1874 à 1899
[6] Edwin O. Reischauer, Histoire du Japon et des Japonais ; Des origines à 1945, Seuil, 1997 [1970], p. 175-176.
[7] C.f. Aix Data Maps pour les années 1930 à 1937
[8] Edwin O. Reischauer, Histoire du Japon et des Japonais ; Des origines à 1945, Seuil, 1997 [1970], p. 176-177.